Je peins des maisons pour interroger ce qui demeure, dans la
lumière comme dans l’ombre.
La maison est au cœur de mon travail. Elle est forme
première, abri symbolique, volume silencieux. Je la choisis comme motif
récurrent, non pour sa fonction, mais pour sa capacité à évoquer ce qui tient,
ce qui résiste, ce qui échappe.
Mon processus est lent, construit, presque rituel.
Tout commence par la sculpture : je fabrique des maisons en bois et en métal, à
la main. Ce sont des objets simples, bruts, souvent marqués par le geste ou la
matière. Viennent ensuite les croquis, esquisses rapides ou relevés précis, qui
me permettent de réfléchir à l’espace, aux rapports de force, aux vides.
La peinture arrive en dernier, comme un territoire de réinvention. Je travaille
alors à faire émerger autre chose : une atmosphère, une vibration, une
présence. Je laisse la main apparaître, j’introduis des coulures, des
frottements, des “maladresses” volontaires. Il ne s’agit pas d’illustrer, mais
de faire parler la surface.
Si la maison reste reconnaissable, elle devient parfois signe, silhouette ou
simple rythme dans la composition. Je cherche à atteindre une forme de
dépouillement — non pas pour effacer le réel, mais pour en dégager la
substance.
C'est une construction qui nous entraîne on ne sait où.
Je photographie ces maisons mises en scène, dans des
lumières précises, parfois presque théâtrales. C’est à ce moment que le
clair-obscur entre en jeu : il révèle les lignes, souligne les ombres, crée des
tensions.
Ces images deviennent la base de mes peintures — mais je ne
les reproduis pas. Je les traduis.
Ma démarche picturale se situe entre figuration et
abstraction.
L’image est là, mais elle vacille. On est toujours sur le
seuil.
Mon travail navigue ainsi entre sculpture, photographie,
croquis et peinture, dans un va-et-vient constant. Chaque médium nourrit les
autres. Chaque étape est une tentative d’approche, une variation autour d’un
même questionnement :
Qu’est-ce qui demeure, quand il ne reste qu’une forme ?
Qu’est-ce qui parle, dans le silence d’une maison ?
Yann LAURENT
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire